Les conseils de tonton H. Hampâté

Et voilà qu’après Sainte Sophie, un autre étranger s’adresse à moi de l’au-delà, dans mon sommeil. L’auteur de « Amkoulel, l’enfant peulh », et de « L’étrange destin de Wangrin » me parle sans détour comme si nous étions de vieilles connaissances.

« Mon petit René, je te suis à la trace depuis plusieurs années :  des agronomes français qui s’intéressent à l’approvisionnement local des cantines scolaires sahéliennes, ça n’est pas si fréquent. Pardonne ma familiarité, mais j’ai l’âge de ton papa et de ta maman. Alors, si tu veux, appelles moi tonton Hampâté, ça me fera plaisir ».

« OK tonton, mais qu’est-ce-qui me vaut l’honneur et le plaisir de ce contact ? » Suit alors l’argumentaire ci-dessous :

« Vous autres européens êtes tous passés par l’école primaire. C’est loin d’être le cas des petits africains noirs, et le risque sera encore plus élevé en 2050. Combien de dizaines de millions de jeunes ne sauront alors ni lire le journal, ni une étiquette de produit phytosanitaire toxique, encore moins écrire une lettre, répondre à un questionnaire d’embauche ? Des citoyens de seconde zone, condamnés à des emplois manuels y compris dans les pires conditions de travail ».

« Et vous autres européens n’en savez rien : une nouvelle forme d’esclavage (des hommes libres condamnés à vie) s’instaure sous vos yeux, et vos enfants observeront des révoltes sauvagement réprimées, le racisme primaire trouvant des échos de plus en plus favorables dans vos rangs. C’est pour ça que j’aime bien ton idée de double croisade, pour le développement (local) et pour l’éducation ».

« Merci tonton Hampâté, mais encore, qu’attends-tu de moi ? »

« De continuer à soutenir, comme tu le fais, l’action des nombreuses ASI qui œuvrent très activement pour le développement de l’éducation dans de nombreux villages sahéliens. Mais aussi d’enrichir le plaidoyer auprès de vos compatriotes. Parmi tes proches, certains ont participé ici et là en Afrique à de belles expériences pédagogiques, qui méritent d’être connues. »

« Je pense en particulier à ceux qui ont créé une pédagogie très originale pour les échoués de l’enseignement primaire. Pourquoi ne la relateraient-ils pas sous une forme attractive, voire interactive, sur la base de cas concrets, illustrés par des photos et des croquis dont ils ont le secret ? Une sorte de BD, mais sous un format original, qu’on mettrait entre les mains de maîtres des écoles français ? »

D’où je suis, nous applaudirons des deux mains (quel vacarme !) et vous couvrirons des bénédictions d’Allah, de Yahvé, du Bouddha, de Dieu le père (quelle moisson !) 

Et puis n’oublie pas de dire à tes amis qu’en matière d’écriture, c’est la première phrase qui coûte. Les autres coulent de source. Tu peux me croire, je parle d’expérience !  

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