Le cinquième âge

Rassurons-nous, je ne vous parlerai ni de préhistoire (l’âge du fer, du bronze…) ni de science-fiction (l’après cataclysme mondial annoncé) mais de biologie humaine, des étapes que nous franchissons entre le berceau et le cercueil.

Peut-être existe-t-il des traités très savants sur la question : je n’en ai lu aucun, et il faudrait des conseils très avisés pour vaincre mes réticences à les lire. Le fait majeur est là, dans mes tripes, ma viande, ma tête : j’aurai bientôt 87 ans ; physiquement, mes limites sont très vite atteintes. Monter des escaliers, par exemple : un étage, ça va encore ; deux, à la rigueur ; trois, bonjour les dégâts ! La marche, en terrain plat, sans urgence, c’est OK ; mais j’apprécie de croiser sur mon chemin un banc accueillant. Et la testostérone, je ne vous dis pas… J’en suis là, à établir la liste des interdits et des limites. Donc ce serait ça le cinquième âge : une longue liste d’interdits !

Heureusement, j’ai deux bonnes pratiques : la première, une infusion quotidienne de Moringa oleifera, rafraichie, arrosée d’une dose de whisky, dont on ne dira jamais assez de bien. Cet « arbre légume » est une des premières danseuses étoiles de mon corps de ballet (Sahel pays de cocagne), avec le zaï mécanisé, les composts améliorés, les prairies verticales, et « Paroles paysannes du Sud ». La deuxième, ce sont mes proches, si présents, mes amis (tous ne sont pas au cimetière, et le stock se renouvelle périodiquement), mes compagnons de route, ici et ailleurs : de quoi savoir chaque matin ce que je vais faire de ma journée, et remplir mon agenda d’activités très diverses. Cultiver ses rêves serait le secret de la longévité.

Ce serait donc ça le cinquième âge. Mais alors, les précédents, quels seraient-ils ?  Selon moi :

Le premier, de la naissance à la puberté (le poil aux fesses pour être précis) : la tendresse, la découverte, l’innocence.

Le deuxième : de l’adolescence au premier emploi (l’entrée dans la vie sociale), l’exercice d’un métier qui permet de se réaliser professionnellement. La découverte de l’ivresse amoureuse conclue dans une union stable et féconde. J’ai eu cette chance, mais je crains que les générations suivantes aient du mal à trouver les deux à la fois.

Le troisième, c’est quelque part quand la physiologie vous rappelle à l’ordre (la testostérone, sans doute, mais pas que…), mais aussi la monotonie du travail si on ne se crée pas l’opportunité de sortir de la routine, la vie conjugale si elle ne sait pas réinventer la fantaisie de la jeunesse…

Le quatrième, c’est bien sûr la retraite. Même quand elle est matériellement confortable, ce qui devient de plus en plus rare, il faut se trouver de nouvelles raisons de se réveiller chaque matin avec des idées plein la tête.

Quant au cinquième et à sa durée, je vous en dirai plus quand j’aurai plus d’expériences : rendez-vous dans quelques temps…   

Et le suivant (le sixième), la perte d’autonomie, la dépendance : aïe, aïe, aïe !

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