Aux dires de mes proches, je passe trop de temps à « faire avancer mon schmilblick », soit, dans le langage courant, un problème dont la résolution est difficile, ou encore son boulot, son activité quotidienne.
Mais en fait, selon son auteur, il s’agit « d’un objet rigoureusement intégral qui ne sert absolument à rien et peut donc servir à tout ». Intrigué, j’y regarde de plus près : son concepteur n’est autre que le génial Pierre Dac, le créateur des séries radiophoniques Signé Furax et Bons baisers de partout, qui ont ravi mes fins de matinées étudiantes. A 12h50, après le resto U, c’était un instant sacré.
Selon lui, Il en existe une version des villes (d’intérieur) et une des champs (à la campagne).
Dès lors que tout un chacun « fait avancer son schmilblick », avec les moyens dont il dispose, pourquoi ne pas égayer nos moroses journées de confinés par des courses de schmilblicks ? Si on vit en ville, on l’organise sur une table, voire par terre. Si on vit à la campagne, on signe une dérogation pour s’installer au coin d’un pré.
La partie se déroule donc de la façon suivante :
Chacun choisit un objet familier (une salière, un bouton de manchette, une cafetière, un bracelet, un taille-crayon…) pour représenter son schmilblick, dont il explicite la nature : en mode confiné, ce sera le ménage, la vaisselle, la cuisine, pour d’autres le télétravail, pour certains, les jeux vidéo, les polars de Fred Vargas. Dans mon cas, une agriculture sahélienne florissante et durable, en télétravail. Hors confinement, il pourra s’agir de coiffeuse, livreur, postier, contrôleur SNCF, voire chômeur.
Le jeu se joue avec une paire de dés, deux fois plus qu’à une course de petits chevaux, dont l’itinéraire est matérialisé au gré de chaque partie avec des bouts de ficelle, des bouchons, ce qui nous tombe sous la main ; et il est bien sûr escamotable en fin de partie, si jamais les flics soupçonnaient des paris illicites.
Il en existe deux versions :
– en mode Grimaud, 1968, alors préfet de police de Paris en mai 68, sans bavures : que la bonne vieille matraque, en face-à-face. Les joueurs sont tranquilles, sereins.
– en mode Pasqua 1996, alors ministre de l’intérieur ; c’est du lourd : les brigades volantes, qu’il avait créées, matraquaient à tout va, et par derrière ; vous vous rappelez, un étudiant était mort, et les fameuses brigades dissoutes. Dans cette version, on peut éternuer, souffler, tempêter : le circuit s’escamote, les schmilblicks s’affolent. C’est Chicago au temps de la prohibition.
Dans ce cas, les paris sont ouverts : le vainqueur gagne un pourcentage significatif du montant recueilli. Les joueurs s’enflamment…
Ambiance garantie ! Merci au schmilblick qui contribue à la lutte contre la morosité ambiante.
Merci à Pierre Dac, mon philosophe préféré.
* : une version hors confinement vous sera communiquée en temps utile
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