Contrairement à ce qu’on aurait pu craindre, le rock and roll, la lambada, la salsa et tant d’autres n’ont pas porté un coup fatal à ces deux danses « de salon ». Les écoles et festivals de tangos se portent très bien, merci pour eux.
Geneviève et moi avons adoré danser le tango et le paso : quel bonheur d’avoir dans ses bras la femme qu’on aime, attentive à la moindre initiative, abandonnée. Quelle meilleure illustration que le tango chaloupé, où la moindre défaillance serait fatale ? Et quel meilleur exemple de machisme assumé : le cavalier guide, la partenaire, soumise, ravie, répond à ses moindres initiatives.
Les origines du tango expliquent en grande partie cette exacerbation du machisme : c’est à Cuba, au XIXème siècle, que se seraient mixées des musiques espagnoles et africaines, pour atterrir dans les bars louches de Montevideo et Buenos Aires. Comment cette danse de bordels, comme l’ont qualifiée des culs-bénits a-t-elle fini dans les salons huppés argentins puis parisiens ? Je n’ai pas reconstitué cette tranche d’histoire.
Autre constat troublant : la passion du tango est très spécifique. Daniel et Claude, des amis d’enfance, ont suivi, adolescents, les mêmes cours de danse de salon que moi, et ils ont très rapidement lâché prise. A leur excuse, le prof était un gaillard ventripotent. Toujours est-il que je suis devenu fana, alors qu’eux deux n’ont jamais vraiment aimé danser, quelque danse que ce soit d’ailleurs. Heureusement, Geneviève a adoré.
Mais qu’en est-il actuellement, où certains mouvements féministes, revendiquant à juste titre, que les femmes aient une place équivalente à celle des hommes, s’opposent à toute forme de domination masculine. Le tango chaloupé ne serait-il pas vu comme une forme abominable de machisme ?
Et imagine-t-on Gisèle Halimi ait pu danser des tangos passionnés, des milongas, des paso-doble ? Qui sait d’ailleurs, dans le secret de soirées privées ?
En tout cas, dans la solitude de mes soirées, j’adore entendre ces musiques qui me font rêver.