Construire sa vie à vingt ans ?

Construire sa vie ? :

Laissons aux philosophes le soin de nous expliquer la portée et les limites de cette idée. Moi j’y crois car ce fût mon cas : merci papa et maman de m’avoir offert cette opportunité à 17 ans, le bac en poche. Surtout je pense que c’est une exigence républicaine : chaque jeune, garçon ou fille, ne devrait-il pouvoir choisir sa voie en fonction de ses envies profondes : artisan, paysan, soignant, militaire, enseignant, pourquoi pas dresseur de lions, que sais-je ?

A vingt ans ?

Disons plutôt en fin d’adolescence, avec un BEPC ou un bac. Bien entendu je me réfère à des sociétés qui offrent à tous les jeunes, garçons et filles, des études gratuites jusqu’à ce niveau. Sahélien(ne)s, Somalien(ne)s, et tant d’autres, ce n’est encore qu’un rêve lointain pour vous.

Quelles études ?

Si on vise des diplômes supérieurs, des BTS aux licences, voire au-delà, quelle chance si vous accédez à un enseignement gratuit. Combien devront payer plus de 5000 € par an, sans compter les frais de séjour s’ils n’habitent plus chez leurs parents ? Si papa et maman peuvent payer, tant mieux. Sinon, c’est une lourde dette à assumer pour des années, comme c’est le cas aux USA ou tant de pays latino, sans parler des autres. La République est prise en défaut ! Certes, dans notre douce France, l’effectif annuel des bacheliers est passé de 30.000 en 1950 à plus de 600.000 de nos jours, L’Etat est-il sans moyens pour faire face à une responsabilité majeure ?

Quels emplois ? La centrifugeuse sociale 

Quelles chances a aujourd’hui pour un jeune de 20 ans d’avoir un CDI dans l’actuel marché du travail ? Très faibles. Et même un CDD lui permettant de louer un logement ? Pas très élevées. La règle commune, c’est un saut de puces d’un emploi de courte durée à un autre : comment construire sa vie dans ces conditions ? Sans patrimoine, ni parents pour payer vos études, vous voilà interdit de monter dans l’ascenseur social qu’on avait tant vanté à vos parents. Comment éviter de tomber dans la centrifugeuse sociale, la précarité, l’impossibilité de faire face au moindre aléa ?

En cause : le cauchemar néolibéral moderne

Théorisé dans les années 70 par Milton Friedman et ses Chicago boys, le néolibéralisme a été mis en œuvre dans les conditions que l’on sait par Pinochet au Chili en 1973,.Très lié à ce pays où j’ai travaillé puis par Ronald Reagan et Margaret Thatcher au nom du « moins d’Etat : la main invisible du marché fournira à tous ce dont ils ont besoin au moindre prix ! ». En 1990, la chute du mur de Berlin a offert à ses adeptes des perspectives mondiales, accélérées par la révolution numérique qui a permis de transférer en un instant des sommes colossales, y compris bien sûr dans des paradis fiscaux. Ajoutez-y une bonne dose de crapulerie, comme la crise des subprimes et les citoyens se retrouvent à payer les ardoises des malfaiteurs.

On fait quoi d’abord ? Comme diraient nos amis africains.

C’est clair : il faut refonder la République, celle de l’égalité des chances. Certes un énorme chantier, mais tant qu’on ne s’y attelle pas, les inégalités se creusent, les jeunes s’en éloignent de plus en plus, boudent les urnes.

Et pourquoi pas favoriser la pratique de la fraternité ? Et d’abord la mixité sociale : j’aimerais voir le service civique rendu obligatoire, sous une forme à réinventer. Et, sur cette base, renforcer d’innombrables initiatives citoyennes qui font honneur à grand nombre de contemporains.

Et la liberté, la chérie de notre hymne national ? Reconnaissons d’abord que nous avons le mérite d’en profiter. Pas besoin d’aller si loin hors des frontières de l’Europe pour se convaincre de ses mérites. Mais la liberté de circulation, par exemple, doit-elle aussi s’appliquer aux capitaux, aux trafiquants ?  

Construire sa vie ?

Construire l’Europe…

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