La scène se passe au Vatican, dans le bureau du Saint-Père, qui vient de s’y installer : sa journée de travail commence. Conformément aux règles, le cardinal Cannelloni, le SG des lieux, entre pour prendre connaissance des instructions du jour. Mais, en ce matin-là, il est extrêmement agité :
« Très St Père, je suis porteur d’une nouvelle sidérante »
« Parlez, mon bon Cannelloni, de quoi s’agit-il ? »
« C’est incroyable, impensable, stupéfiant ; tous les ordres religieux féminins sont en grève depuis ce matin zéro heure ! »
« Ah bon ! expliquez-vous »
« La grève est partie du Japon, et se poursuit au fil des heures : la Corée du Sud, les Philippines, l’Inde… nous recevons au fur et à mesure des messages de toutes les congrégations, avec le même message : grève illimitée jusqu’à réception d’une délégation mondiale par le St Père lui-même »
« Bigre : comme il est huit heures du matin, vous vous attendez à recevoir les mêmes messages d’Europe, d’Afrique puis d’Amérique »
« Exactement : il s’agit d’un mouvement mondial, supérieurement organisé… »
« Mais, dites-moi, mon bon Cannelloni, les petites sœurs de Jésus, au fond de leurs quartiers populaires, elles font grève elles-aussi ? Vous connaissez ma sympathie à leur égard… »
« Toutes pareilles, cloîtrées ou non, en civil ou en tenue : de vraies diablesses, si j’osais l’expression. »
« Mais alors, elles font la grève de quoi ? et elles revendiquent quoi ? »
« Rien sur la chasteté, rien sur les avantages matériels, les horaires, rien de tout cela : la grève des offices religieux, uniquement : à l’heure des vêpres, des matines, de la sainte messe, elles restent dans leurs cellules ou vaquent à d’autres occupations ; par contre, toutes les activités civiles sont maintenues : les soins aux malades, l’éducation, l’accueil des échoué(e)s de la société. »
« Et les revendications ? »
« Une seule, votre sainteté : pouvoir dire la messe et distribuer la communion ! Vous vous rendez compte ? Quelle outrecuidance ! : Très Saint Père, qu’allons-nous faire face à une requête aussi irrecevable ? Et puis il faut agir très vite : la savane est en feu, et le vent souffle fort ! »
« Mon bon Cannelloni, gardez votre calme, attention à votre rythme cardiaque. Laissez-moi quelques instants pour méditer sereinement. »
Le cardinal se retire ; François ferme soigneusement la porte, retourne à son bureau, pose les mains sur les bords, arbore un large sourire et dit à voix haute :
« Bravo les filles, vous vous êtes enfin remué les fesses ! »