Les baobabs au secours d’un tiers de l’humanité ?

Vous savez certainement que les mérites du baobab ne se limitent pas à sa convivialité et sa longévité. Il a aussi des mérites d’ordre sanitaire : la poudre fabriquée à partir de son fruit donnerait de la vigueur à la microbiote intestinale et stimulerait ainsi les défenses immunitaires. Les sénégalais en sont de grands consommateurs, sous le nom de « bouye ». Au fond, le baobab est un grand frère du Moringa oleifera, dont je ne cesse de vanter les mérites.

Les baobabs, on en trouve partout dans les savanes africaines, dans chaque village : ils accueillent les étrangers à l’entrée, leur offrant une ombre rafraîchissante ; c’est aussi l’arbre à palabres, là où les conflits s’apaisent. Bref, un commensal des villageois, mais, de surcroît, celui qui éloigne le médecin, comme la pomme quotidienne des anglais. Combien d’africains des villes et des champs ne pourraient-ils pas bénéficier de ses vertus ? Va pour un milliard, d’Alger au Cap et de Dakar à Mombasa.

Elargissant notre regard, pensons aux milliards d’asiatiques vivant dans des zones non tropicales, où il peut geler en hiver, et donc interdites au baobab, et pour longtemps, tant que le réchauffement climatique n’aura pas bouleversé l’ordre des choses.

Pourquoi des milliards ? Pensez à la Chine : 1,4 actuellement, combien quand il y aura deux mômes par couple autorisés au lieu d’un depuis Mao ? Et regardez à l’Ouest ; l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, la Mongolie, et tant d’autres Etats au Nord de l’Himalaya : il y du monde là-bas. Il est raisonnable de chiffrer à 2 milliards actuellement, et beaucoup plus dans cinquante ans, sauf conflits armés majeurs, pandémie ravageuse, que sais-je encore ? Quoiqu’il en soit, un effectif considérable de consommateurs potentiels de cette poudre miraculeuse, qui intéressera nécessairement les responsables de la santé publique, car le nombre de malades chutant drastiquement, ils seront prêts à en subventionner la consommation.

– il faut donc voir grand, viser la demande potentielle : 2 milliards d’habitants consommant 365 grammes par an, soit près de 7 millions de tonnes par an. Bigre, voilà un très gros chiffre. L’effectif de baobabs africains devrait être un million de fois plus élevé ! Même en divisant par 100.000 villages sahéliens entre Atlantique et Océan indien, il en faudrait 10 fois plus par village, soit 200. Avec 20 mètres de diamètre, au moins, leur canopée occupe 300 m2 ; comptez une dizaine de mètres pour circuler entre les arbres ; vous n’en aurez guère plus qu’une vingtaine par hectare. Donc 10 ha de « baobaberaies » par village : un rêve éveillé ? un objectif réaliste ? A chacun d’en juger.

– Donc il y a du potentiel, mais qui va planter en sachant que ce sont ses enfants et leurs descendants qui vont cueillir les fruits ? Heureusement le karité a ouvert la voie : les paysannes protègent soigneusement les jeunes plants apparus spontanément dans les savanes, chaque pied ayant son « exploitante », connue de tous, et c’est elle qui cueille les fruits, les vend aux ateliers de transformations, le circuit finissant sur la peau de citadines du monde entier. Et bien, suivons la voie qu’elles ont tracée : des villageoises gèrent les baobabs, les cajolent de génération en génération, collectent les fruits et les vendent à des ateliers locaux spécialisés : la poudre est ensachée, disponible pour les cuisinières africaines des villes et des champs, l’excédent étant disponible pour les chinois, les kazakhs, les mongols, et tant d’autres. 

Vive donc le baobab africain, protecteur de la santé de l’Afrique et du monde asiatique non tropical !

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