Ronald et les barons (Les poubelles de l’Histoire)

Incroyable mais vrai : un Président des Etats Unis a financé l’achat d’armes en vendant de la drogue !

Familier du Nicaragua et de l’Amérique centrale dans les années 80, je savais qu’après la prise de fonction de Reagan les USA fournissaient des armes aux « contras ». Mais je ne me posais pas de questions sur leur financement. Nous savions quand même que Noriega, le Pt du Panama, protégé de la Maison blanche, avait un passé douteux dans le trafic de drogue.

Et voilà que tout s’est éclairé dimanche soir, en regardant sur Fr2 « Garry Seal : american traffic», un film récent (2017) de Doug Lima, avec Tom Cruise, excellent dans le rôle de pilote de la TWA reconverti dans les vols clandestins. Un suspense très haletant dans la meilleure tradition américaine, que j’ai regardé avec d’autant plus de plaisir qu’il est sobre en matière de rafales et d’explosions. La fin du film laisse à penser que le scénario est basé sur des faits réels. Je vérifie : banco, c’est bien le cas !

La CIA a donc bien organisé la livraison d’armes en dévoyant le pilote en question. Les contacts avec les barons de la drogue de Colombie mettent en place une version moderne du commerce triangulaire : les armes voyagent des USA au Nicaragua, la drogue de Colombie aux States, et c’est le même avion et le même pilote qui assurent la logistique, non sans risques d’ailleurs. La rémunération du pilote est conséquente : 2000 US$ par kg de cocaïne, et chaque vol transporte au minimum 500 kg : 100.000 US$ par voyage ! Le pilote devient immensément riche, et en cash bien sûr, dont il ne sait plus quoi faire…

La DEA (la lutte antidrogue) finit par dénicher l’affaire, mais il s’agit d’un secret d’Etat. Nouveau suspense. Le pilote en arrive à travailler pour la Maison Blanche ! Il n’en finira pas moins abattu par les narcos : secret des affaires oblige !

Bref, un suspense exceptionnel ! Et c’est la réalité historique ! Et, en arrière-plan, ces millions de drogués….

 Compléments d’information (André)

Noriega mériterait une chronique à lui tout seul, en tant qu’intermédiaire primordial dans cet échange d’armes contre drogue, et aussi pour son destin particulier : embauché par la CIA qu’il a servi plus de 15 ans, dictateur sanguinaire, il a toutefois été reçu avec les honneurs en France, légion d’honneur y compris sous Mitterrand. Lorsque il ne servait plus les intérêts des puissants, car il était aussi agent double pour Cuba et pour les guérillas centraméricaines.

Il a été capturé par les nord-américains, emprisonné aux USA, puis en France, où il possédait à Paris de somptueux appartements, avant d’être extradé finalement à Panama et d’y mourir….
Il n’a d’ailleurs jamais été formellement président de Panama, ce qui ne l’a pas empêché d’exercer un pouvoir sans limites en nommant ou jetant lesdits présidents. C’était déjà le cas de son prédécesseur Torrijos, également général, à la disparition duquel, dans un crash aérien, certains disent même qu’il aurait contribué avec l’appui des Etats-Unis…Va savoir ! On dit aussi que son arrestation par les nord-américains lors de l’invasion de1989 aurait mobilisé 60 000 soldats américains et couté la vie à près de 3000 personnes. Que du bonheur
!

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