Quelle belle brochette ! Photographiée en 1993 autour de Michel Rocard, cette série de jeunots sont devenus dans les années suivantes des poids lourds du PS : Jean-Christophe Cambadélis, Pierre Moscovici, Jean Luc Mélenchon, Manuel Valls par exemple. Certains d’entre eux ont trouvé plus tard d’autres hébergeurs de carrière, grand bien leur fasse !
Qu’en serait-il advenu si les jeunots de l’époque avaient envisagé de retourner à la vie civile ? Imaginons, par exemple, que leurs papas leur aient proposé de leur succéder professionnellement : Jean Christophe coiffeur, Pierre notaire, Jean-Luc gendarme, Manuel gardien d’immeuble ? Bien entendu, je n’ai rien vérifié des antécédents familiaux des intéressés.
Les dispositions légales leur permettent d’exercer le métier de leur choix et de se présenter à des élections politiques (député, sénateur…) ou professionnelles (syndicats, chambres de commerce). Une fois élus, si c’est le cas, ils peuvent « rentrer dans le rang », en bénéficiant, pour les mandats les plus prestigieux, de retraites confortables.
Visiblement, ce n’est pas l’option qu’ils ont choisie : « Toujours plus haut » semble avoir été leur devise, comme des montagnards aguerris.
Mais quand même, face à la crise des gilets jaunes par exemple, comment aurait réagi Jean Christophe s’il avait coiffé un millier de ses concitoyens, si Pierre avait dû faire face à des successions douloureuses, si Jean-Luc avait dû pourchasser des malfaiteurs au fin-fond de quartiers sensibles, si Manuel avait participé à plusieurs expulsions pour impayés.
La proximité, le contact : des valeurs sûres pour savoir ce qu’est la vraie vie.
Dans l’exercice de mon métier d’expérimentateur, j’ai toujours fait le tour de toutes les parcelles, m’assurant ainsi que le chiffre figurant dans les tableaux statistiques correspondait à des situations réelles. Maintenant que j’ai la chance de connaître les villageois(e)s concerné(e)s, je peux y associer des noms, des visages, des voix. Un luxe suranné ?
Et pour les carrières politiques, quelles conséquences d’une telle exigence ? Pouvoir mettre des noms, des visages, des histoires personnelles derrière les électeurs dont on revendique les suffrages. La distribution de tracts sur les marchés n’y suffit certainement pas.
A portée d’engueulade : un critère solide d’exercice démocratique.