Les personnages, par ordre d’entrée en scène :
La DS : n’imaginez pas miss Univers avec une tunique azuréenne et une baguette magique, ni la bagnole aux chevrons que ses fans considéraient comme la plus belle du monde. Plus prosaïquement, encore qu’un peu pompeusement, il s’agit de Direction Scientifique.
Les tribus gauloises : la dizaine d’instituts spécialisés dans la recherche agronomique tropicale, les uns sur le caoutchouc, d’autres sur la forêt, sur les zébus, le coton, que sais-je ? En tout, un millier de chercheurs travaillant dans une quarantaine de pays. Et les statuts du personnel, je ne vous dis pas : une forêt vierge de cas particuliers.
Tonton François, récemment élu, avait décidé de les fusionner dans un organisme unique : le CIRAD, dont je me suis trouvé DS. Côté institutionnel, Hervé, le DG, et Jean Marie, le SG, ont réussi un coup de maître : une entreprise unique, un statut unique pour tous les nouveaux recrutés, les autres, les anciens, gardant leur statut jusqu’à leur dernier salaire, et le dernier salarié, en partant à la retraite, rendait la clef du statut. Et ce système a fonctionné : bravo les artistes !
Côté scientifique, la potion magique a été la suivante : partager des connaissances et créer ainsi une véritable valeur ajoutée mutualisée. Appliquée aux généticiens, aux spécialistes de l’agroalimentaire, à ceux des maladies des plantes, et mise en œuvre par des comités scientifiques et avec l’aide de modernes équipements de laboratoire, elle a bien fonctionné. On a aussi créé des espaces scientifiques nouveaux, comme la gestion des exploitations agricoles et des espaces ruraux. Il est vrai qu’on avait des moyens : on avait envie d’un joujou, on nous le payait. Ce temps-là est hélas révolu.
De cet épisode de ma vie professionnelle, que j‘avais volontairement limité à six ans, je garde des souvenirs très forts. Mais rien de tout ceci n’aurait été possible sans :
Michelle à Paris, Nicole à Montpellier, qui ont mis en œuvre et en forme les innombrables réunions, rapports, comptes rendus qui, au jour le jour, ont permis que la machine fonctionne. Michelle est devenue, au fil du temps, une excellente amie.
Les deux André :
Le premier, compagnon de route du monde associatif, qui, voyant mon entêtement à m’engager dans cette aventure qu’il prévoyait casse-gueule, m’a dit : si c’est ça, je t’accompagne. Sans lui, les premières années auraient été catastrophiques. Depuis, nous sommes restés très proches.
Le deuxième, Président de notre Conseil scientifique, a piloté l’évaluation de chacune des tribus gauloises, un exercice qui s’est déroulé sur plusieurs années et qui a permis de dénicher des pépites de connaissance qui ont pu être mutualisées. Un grand bonhomme, devenu un excellent ami.
En somme, aussi farouches soient-elles, les tribus gauloises aiment bien échanger, mutualiser, particulièrement si elles se perçoivent un avenir commun. Cultiver des plantes, c’est très porteur. Cultiver des rêves aussi.