La danseuse du président

Le voile se lève sur un secret bien gardé.

Les adhérents d’AVSF s’interrogent depuis la fin de leur dernière AG : le Président a quitté ses fonctions en les informant de son intention de se consacrer prioritairement à sa danseuse préférée, dont il nous seulement dit qu’elle était burkinabé. Ne faisant pas mystère du fait qu’il se rendait plusieurs fois par an au pays des hommes intègres, à titre personnel, il entretenait chez les administrateurs et les adhérents une sourde inquiétude sur quelques relations torrides avec une créature de rêve finement nattée.

Mais voilà que je peux soulever un coin du voile : loin des frimas de notre vieux pays, bercé par le chant des grillons, sous un ciel divinement étoilé, voilà qu’à Sankoé, modeste village de la boucle du Nouhoum, emporté par le besoin de partager son secret, l’ex Président s’est prêté à quelques confidences, qu’il m’a autorisé à vous livrer.

Ma danseuse préférée, me dit-il (il reconnaissait en avoir d’autres), je l’appelle Zaï ; c’est un nom qui lui va bien, ne dit-on pas qu’il porte bonheur ? Zaï, me dit-il, est pétulante et dispendieuse : j’ai déjà dépensé pour elle des sommes importantes. Je fréquentais certes son clan depuis les temps déjà lointains où je parcours les savanes de son pays, mais ce n’est qu’en 2004 que des amis luxembourgeois m’ont invité à m’informer sur les fruits de leurs œuvres en faveur de sa famille, travaux réalisés plusieurs décennies auparavant, dans une bourgade jusque là méconnue du Plateau Mossi, mais qui pourrait-être amenée à une renommée mondiale.

Convaincus par les conclusions de ma petite étude, poursuivit-il sous le ciel étoilé, ces amis de ces riches contrées nordiques ont décidé de construire un luxueux hôtel pour loger de dignes représentants de la famille, en témoignage des services rendus à la Nation, services jusque là gravement sous estimés par la populace. C’est alors, poursuivit-il, qu’en 2006, je me mis à fréquenter Zaï, dont je venais de faire la connaissance. J’ai organisé un spectacle campagnard pour mettre en valeur ses prouesses aux services des paysans, qu’elle soulageait de tâches harassantes, et de leurs cultures, auxquelles elle apportait réconfort contre les adversités du climat. Le succès qu’elle a alors rapporté a été commenté très favorablement dans diverses gazettes spécialisées.

Cette soudaine renommée lui a un peu tourné la tête : elle se voit un avenir radieux dans la plus grande partie du pays, et imagine d’autres prouesses, comme d’améliorer le régime alimentaire des dites plantes, ou encore de percer les secrets des relations intimes qu’entretiennent leurs racines avec des microorganismes du sol…Et moi, me confessa t’il finalement, emporté par son enthousiasme et son dynamisme, je suis amené à lui consacrer de plus en plus de temps, qui m’est pourtant compté. Heureusement, me confessa t’il, j’ai une autre danseuse, celle-ci en France, qui m’évite de sombrer dans la dépendance.

Ah, j’allais oublier : Zaï est en fait une ravissante ânesse, au poil gris bien dru, une croix de St André sur le dos comme ses lointaines cousines provençales, et des oreilles pivotantes, fièrement dressées, au creux desquelles elle adore qu’on lui parle…

Ener Zallib, agronome masqué.

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  1. Elle est vraiment très mignonne celle-là, et l dessin est craquant 🙂
    PS : je l’ai reconnu, l’agronome masqué !