Merci Papa, merci Maman

Maintenant que je prends sérieusement de l’âge, qu’il m’arrive plus fréquemment de me pencher sur mon passé, de retrouver des images de mon enfance et de mon adolescence, je ne peux que vous bénir des si merveilleux bienfaits dont vous m’avez fait bénéficier :

Une affection sans faille : le temps passé sur les genoux de maman, jusqu’à l’adolescence (« elle est si belle, ma maman !»), les sourires affectueux de papa. Je n’ai pas souvenir de la moindre fessée, ni même de remontrance. Un vrai bain d’affection.

Une très grande liberté de choix, témoignage d’une grande confiance. L’un et l’autre rêviez peut-être pour moi d’une carrière commerciale, à l’image de papa ; et voilà que, le bac en poche, je choisis d’être agronome. « Ingénieur à Grenoble ?» s’interrogera maman peu familière de ce genre de métier. Et vous avez acquiescé, même si cela impliquait trois ans à Paris.

L’amitié : les exemples que vous m’avez donnés avec les deux compagnons de la grande guerre, familiers de la table de bridge, et par la chère « Maquin », amie d’enfance de maman, ont certainement contribué à créer chez moi cette culture de l’amitié que je n’ai cessé de pratiquer au long de mes nombreuses affectations.

Les jeux de cartes : combien de parties de bridge n’avons-nous pas jouées en famille, alors que Josette, André et moi étions adolescents ? Et les parties de crapette ? Je m’étonne toujours de voir que ce plaisir si simple n’est pas mieux partagé. En tout cas nous l’avons prolongé avec les enfants, là aussi au moment de leur adolescence.

Le goût de la Nature : là alors, quel cadeau ! M’avoir inscrit tout jeunot encore aux louveteaux, m’avoir permis de découvrir la joie de camper en pleine nature, de faire sa tambouille y compris sous la pluie, des soirées sous les étoiles autour de feux de camp, quel formidable cadeau ! Cet attachement viscéral à la nature est à l’origine de mon choix de métier, sans complet cravates et loin des usines. Et Dieu sait si j’en ai profité.

Le goût de construire, de réaliser, si profondément ancré en moi que le désarroi me saisirait certainement si je n’avais pas de chantier en cours, ce qui n’a heureusement été qu’exceptionnel. Et je sais que Papa tu as dû reconstruire ta vie professionnelle après la crise de 1929, avec trois marmots à nourrir et élever.

Mais en fait j’en sais si peu sur vous deux, vos jeunesses avant et après la guerre, dans quelles circonstances vous vous êtes rencontrés, ce qui faisait votre joie de vivre. Imbécile d’adolescent que j’ai été, tellement absorbé par mon quotidien que je ne vous ai jamais posé la moindre question sur votre jeunesse !

En tout cas, en cette paisible soirée de printemps, alors que je me délecte de musique country, je vous exprime du fond du cœur ma plus profonde gratitude pour ces merveilleux cadeaux.

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